Observer le ciel profond en visuel assisté

Le 8 septembre 2020 à l’observatoire à Saint-Médard.  Équipés de smartphones et de tablettes, nous avons vu des amas globulaires, des nébuleuses et des galaxies apparaitre dans nos écrans. Des images venues en direct de l’eVscope de Tore, qui en 2018 a répondu positivement à l’invitation à financement participatif au développement de ce type de télescope, appelé « visuel assisté ». Le but de ce nouveau type d’instrument n’est pas d’obtenir des astrophotographies de grande qualité, mais de pouvoir montrer des objets du ciel profond plus détaillés que ce qu’offre un télescope normal en visuel, et en plus, de partager les images avec plusieurs observateurs en temps réel.

La Nébuleuse d’Haltère, située dans la constellation du Petit Renard (Vulpecula) à environ 1 200 années-lumière. Photo: eVscope – 5 minutes d’exposition.

Durant deux heures nous avons pu voir une dizaine d’objets, comme les amas planétaires d’Haltère (photo ci-dessus) et de la Lyre et l’amas globulaire M 15 de Pégase, la nébuleuse de Lagune (photo ci-dessous), ainsi que les galaxies d’Andromède et du Triangle. Toutes les images sont disponibles ici.

La Nébuleuse de Lagune, dans le Sagittaire. Il s’agit d’un immense nuage d’hydrogène et de poussières éclairé par une étoile supergéante bleue. La taille de la nébuleuse est d’environ 110 années-lumière et sa distance tourne autour de 5 000 années-lumière ce qui lui donne un diamètre apparent trois fois plus important que celui de la pleine Lune. Photo: eVscope – 7 minutes d’exposition. La netteté n’est pas parfaite ici: on aurait dû réutiliser le masque de Bahtinov après une heure d’observation.

En mème temps, pour une comparaison purement visuelle, Michel nous a montré les mêmes objets dans son Dobson de 20 cm et Didier dans les grandes jumelles du club.  Et enfin, Roland a pris une belle image de la nébuleuse de Lagune pour illustrer ce qu’est la vraie astrophotographie.

Pour tester les capacité de son eVscope, Tore à demandé, à l’aide de son téléphone, au télescope de s’orienter vers un groupe de galaxies extrêmement lointain – le Quintette de Stephan – dont la plupart des membres sont à environ 340 millions d’années-lumière de la Terre, avec des magnitudes apparentes entre 14 et 16. Une minute de suspense….et voilà: quelques faibles « nuages » faisaient leur apparition au centre de l’image. Encore quelques minutes, et il n’y avait pas de doute – les cinq galaxies était!

Un groupe de quatre galaxies en interaction violente situé à environ 340 millions d’années-lumière avec une cinquième galaxie spirale à 41 millions a.l. Photo: eVscope 7 minutes d’exposition, avec une image insérée prise par le télescope Hubble. La galaxie spirale est bleu-violet sur la photo de Hubble. Plus d’info: https://fr.wikipedia.org/wiki/Quintette_de_Stephan.

À l’extérieur, un eVscope ressemble à un « Newton » ordinaire de 114/450 mm. Mais à l’intérieur, le miroir secondaire a été remplacé par une caméra de type CMOS qui normalement prend une photo chaque 4 secondes. Les photos sont traitées et empilées immédiatement par un ordinateur intégré dans la monture du télescope. Le résultat est envoyé vers un oculaire électronique, mais aussi vers les téléphones et les tablettes connectés, grâce au réseau wi-fi de l’eVscope et son application « Unistellar » pour iOS et Android, disponible gratuitement sur Internet. C’est aussi l’application qui permet de piloter le télescope, mais il suffit de donner un désignation ou des coordonnées d’un objet au télescope: grâce à un système d’astrométrie interne, le télescope va trouver l’objet et le centrer automatiquement.

La soirée a bien confirmé que ce type d’instrument est bien adapté pour montrer le ciel profond au grand public. Donc, idéal pour un club d’astronomie pour des séances ouvertes à tout le monde. Cependant, il faut souligner que l’eVscope n’est pas du tout fait pour observer les planètes, ni la Lune. Il s’agit plutôt d’un instrument supplémentaire, à un prix assez élevé (presque 3000 euros), mais avec lequel on peut très facilement et rapidement se familiariser avec des objets qu’on n’a peut-être jamais eu le temps ou la chance d’observer avant.